Bilan de trois années d’expérimentation sur la culture du maïs fourrage

Dans le cadre de la 3ème voie de l’agriculture, un groupe de travail sur le maïs fourrage s’est mis en place depuis 2021. Il rassemble la coopérative EMC2 située dans le Grand-Est, le semencier LIDEA et Agrosolutions. Pour cela, une plateforme expérimentale a été mise en place sur trois campagnes.

Publication

Juin 2024

L’objectif de ce groupe de travail est d’adapter la conduite de la culture du maïs fourrage en fonction des aléas climatiques afin de sécuriser la quantité et la qualité de la récolte et d’assurer la pérennité de l’alimentation des troupeaux laitiers. Quatre leviers agronomiques sont mis en parallèle : date de semisdensité de semisécartement entre rangsvariété

Pour définir le protocole, identique lors des trois années, nous sommes partis des questionnements suivant que nous avons mis en relation avec certains leviers agronomiques :

  1. Quel est l’impact d’une date de semis plus précoce et plus tardive sur le rendement et les valeurs alimentaires par rapport à une date de semis dite de référence ?
  2. Est-il intéressant de réduire l’écartement entre rangs sur du maïs fourrage ?
  3. Faut-il adapter la densité de semis en fonction des écartements entre rangs et des variétés ?
  4. Est-ce que les variétés MYLADY et TONIFI, qui ont des profils différents, répondent de la même manière aux critères précédents (date de semis, écartement, densité de semis) ?

Une plateforme pluriannuelle pour faire face à différentes conditions climatiques

Un des enjeux principaux était de mener la plateforme sur au moins trois campagnes afin d’obtenir des résultats dans des conditions climatiques différentes.

Lors de la première année en 2021, nous avons eu une année humide et froide engendrant des difficultés pour semer dans de bonnes conditions et avoir des levées homogène et rapides. A l’inverse en 2022, la campagne a été très sèche et avec des pics de chaleurs très importants notamment autour de la floraison, impactant cette fois-ci la programmation des maïs.

Sur la dernière année d’expérimentation, en 2023, l’hiver a été assez sec et les pluies sont arrivées tardivement, favorisant la levée de la dernière date de semis mais le manque de température et d’ensoleillement sur le reste du cycle a à l’inverse pénalisé cette date de semis tardive.

Des résultats enrichissants qui permettent de répondre aux hypothèses de départ

  • Garder une date de semis autour de la référence du 25 avril

En moyenne sur les trois années, c’est la date de semis intermédiaire qui est la plus sécurisante dans le contexte et les conditions du territoire EMC2.

A l’inverse, la date de semis plus tardive est la moins sécurisante car elle présente un risque de ne pas avoir les conditions optimales au semis et à la récolte, engendrant une perte de rendement et de valeurs alimentaires.

La date de semis plus précoce peut présenter un risque de levée lente si les conditions ne sont pas optimales après le semis mais elle reste tout de même intéressante.

  • Si possible, passer à un écartement à 40 cm pour gagner en rendement

L’écartement 40 cm a systématiquement permis d’obtenir des rendements plus importants que sur l’écartement 80 cm, avec en moyenne un gain de +3,2tMS (à la même densité de 100 000 gr/ha). Cependant ce facteur n’est pas à étudier seul mais il faut le mettre en parallèle avec la densité de semis.

  • Si écartement à 40cm, augmenter la densité de semis, sinon rester à 85 000 grains/ha

En effet, l’écartement réduit est intéressant avec une densité augmentée à 100 000 gr /ha alors qu’au contraire sur l’écartement 80 cm il est préférable de rester à une densité plus standard de 85 000gr/ha. Lorsque l’on prend les densités optimales pour chaque écartement, on obtient en moyenne un gain de rendement de +3,0 tMS pour l’écartement réduit. Ce gain de rendement se fait principalement dans la partie tige/feuille entraînant une dilution de l’amidon et donc une dégradation des valeurs alimentaires.

  • Des écarts observés entre les variétés LIDEA mais les conclusions restent générales

Concernant la dernière hypothèse, toutes les variétés ne réagissent pas de la même manière aux écartements réduits et ne répondent pas forcément favorablement sur des densités augmentées. Dans le contexte pédoclimatique EMC2, il faut éviter d’utiliser des variétés trop tardives, car si les conditions ne sont pas réunies, elles ne pourront pas exprimer pleinement leur potentiel et verront leurs valeurs alimentaires dégradées.

 

Les 3 années d’expérimentation ont permis de répondre aux questionnements soulevés au départ dans des contextes climatiques très différents et ainsi de conforter certaines préconisations déjà réalisées sur la zone ainsi que de permettre d’envisager certains changements de pratiques pour l’avenir.

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